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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/136

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Histoire

pas se plaindre, lorsque je passe sur quelques lignes, & même sur des pages entieres ; c’est leur faire juger néanmoins que je dissimule quelque chose. D’accord. Elles ne me trouveront jamais de bassesse, ma chere Lucie.

Fort bien. Mylady Anne S… a fait ici sa visite, & vient de partir. C’est une personne fort agréable. Je ne puis lui refuser cette justice ; & si elle étoit actuellement Mylady Grandisson, je crois que je pourrois la respecter. Je le crois sans doute. Mais, chere Lucie ! que j’étois heureuse avant mon voyage de Londres !

On s’est long-tems entretenu de sir Charles. Mylady Anne n’a pas fait difficulté d’avouer qu’elle le regarde comme le plus bel homme qu’elle ait vu de sa vie. Elle est amoureuse, dit-elle, de son excellent caractere. Elle ne va nulle part où elle n’entende son éloge. L’affaire de sir Hargrave, dont elle avoit entendu parler, lui a donné occasion de me faire mille complimens. Elle a même ajouté, qu’ayant appris que j’étois à Colnebroke, l’espérance de me voir avoit eu beaucoup de part à sa visite. Je crois lui avoir entendu dire à l’oreille de Miss Grandisson, que j’étois la plus jolie créature qu’elle eût jamais vue. C’est le terme dont elle s’est servie. Nous sommes toutes des créatures, je n’en disconviens pas : mais je vous avoue que ce mot ne m’a jamais paru