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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/170

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Histoire

pour m’inspirer le respect qu’une Femme doit à son Mari.

Sir Ch. Alors, chere Sœur, je vous conseille de ne le pas voir, si vous lui en avez donné l’espérance. Vous lui ferez faire des excuses. Vous lui ferez dire que vous m’avez communiqué tout ce qui s’est passé entre vous & lui, & que vous vous rapportez de tout à moi mais avec une ferme résolution, si vous l’avez en effet, de ne jamais être sa femme.

Miss Grand. Je crains la violence de son naturel.

Sir Ch. N’appréhendez rien. Ceux qui sont capables de violence à l’égard d’une femme, n’en ont pas toujours avec les hommes. Mais je lui parlerai civilement. S’il a jamais espéré de vous voir à lui, il est assez malheureux de vous perdre. Vous pouvez lui faire dire que je le verrai dans le lieu qu’il voudra nommer. En attendant il seroit à propos, si vous n’y avez aucune répugnance, de me faire voir quelques unes de vos Lettres & des siennes, particulierement celles où vous l’avez pressé de renoncer à vous ; & les plus anciennes, si vous en avez, qui prouvent depuis long-tems votre résolution.

Miss Grand. Je vous remettrai, si vous le desirez, toutes ses Lettres & les copies de toutes les miennes. Elles vous persuaderont, Monsieur, que c’est le malheureux sort, auquel je me suis crue condamnée, après le rigoureux traitement que j’ai vu recevoir à ma Sœur, & le chagrin de ne pouvoir espérer