de détail. Convenez, chere Sœur, que je n’avois pas une bonne cause à ménager. Je ne pouvois faire valoir sans offense les raisons qui vous ont déterminée contre M. Anderson, lorsque vous êtes parvenue à le connoître. D’ailleurs il n’en seroit pas tombé d’accord aisément ; & par conséquent je n’en pouvois tirer aucun avantage.
Ses deux Amis étant entrés, sans m’avoir prévenu par un mot d’explication, je lui demandai s’ils étoient informés de l’affaire qui nous amenoit. Il me répondit qu’ils étoient ses Amis inséparables, & qu’ils connoissoient tous les secrets de son cœur. Peut-être, Monsieur, répliquai-je, seroit-il mieux, dans cette occasion, qu’ils les eussent ignorés. Nous sommes gens d’honneur, Monsieur le Chevalier, interrompit assez vivement le Major. Je n’en fais aucun doute, Monsieur, lui répondis-je : mais dans une affaire où la délicatesse d’une femme est intéressée, les deux Parties devroient être le monde entier l’une pour l’autre. Mais c’est un mal sans remede. Je suis prêt, M. Anderson, à vous écouter devant vos Amis, si vous le jugez à propos. Comptez, Sir Charles, me dit fort civilement le Lieutenant Colonel, que vous nous trouverez gens d’honneur.
Alors le Capitaine commença son histoire avec quelque chaleur, mais de fort bonne grace ; & j’en eus de la joie pour ma Sœur. Pardonnez-moi cette réflexion, Char-