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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/195

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du Chev. Grandisson.

Je répétai l’observation qu’il venoit d’entendre.

Monsieur, me dit-il encore. Et ses yeux se tournerent vers ses deux Amis, qui pancherent successivement la tête l’un vers l’autre & vers lui, comme pour faire connoître qu’ils trouvoient mon langage fort libre.

En effet, Monsieur, repris-je tranquillement, n’étoit-ce pas donner lieu de croire que vous doutiez de votre mérite, ou de l’inclination & de la constance de ma Sœur ? Et dans l’un ou l’autre cas un engagement de cette nature devoit-il être proposé ? Devoit-il être accepté ? Pour moi je dédaignerois la main d’une femme qui me donneroit occasion de penser qu’elle eût pu balancer un moment entre un autre homme & moi.

C’est un sentiment que je ne puis blâmer, interrompit le Major. Il est vrai, Sir Charles, que je penserois comme vous, ajouta M. Mackenzie. Le Capitaine s’agita sur sa chaise & ne jugea point à propos d’expliquer son avis.

Je repris encore : Votre motif, Monsieur, nous n’en doutons pas, étoit une sincere tendresse. Miss Grandisson est une jeune personne pour qui tout le monde peut prendre de l’amour. Vous me permettrez d’observer en passant, qu’il n’est pas besoin de promesse, pour un homme qui se croit sûr d’un parfait retour. Mais on a fait une promesse. Ma Sœur est une fille qui pense noblement. Elle se croit engagée ; & sa résolution est de passer