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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/202

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Histoire

bonheur intéressé à cacher une liaison qu’il se faisoit au contraire une gloire de publier ; car il paroît, dirai-je à son avantage ? qu’il a quantité d’Amis inséparables, qui connoissoient tous les secrets de son cœur.

M. Mackenzie ne tarda point à me suivre, & nous nous retirâmes ensemble dans un coin de la salle. Il me parla beaucoup de la violente passion du Capitaine, & des idées de fortune qu’il avoit fondées sur le crédit d’une famille, à laquelle il attribuoit de la considération. Il me fit des complimens recherchés. Il releva le dommage extrême, qu’une affaire si long-tems suspendue, n’avoit pu manquer de causer à son Ami. Il ajouta d’un air grave, que le Capitaine étoit plus vieux d’autant d’années, qu’il en avoit employées au succès de ses prétentions, & qu’il mettoit à fort haut prix la perte de sa jeunesse. En un mot, il attribua au Capitaine les sentimens & le chagrin d’un Militaire, qui voit manquer un établissement sur lequel il a compté.

Après l’avoir entendu, je le priai de m’apprendre quel étoit le but de ce discours, & dans quelle résolution il avoit laissé le Capitaine ? Il s’étendit encore sur les mêmes sujets, pour me demander, à la fin, s’il n’y avoit aucune espérance que Miss Grandisson… Non, Monsieur, interrompis-je, ma Sœur est une fille sensée, qui joint à cet avantage d’autres qualités distinguées. Elle a des objections insurmontables, qui sont