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Histoire

Testament, & qu’ils ne devoient pas attendre beaucoup de lui ; eux, qui avoient été élevés sous sa direction, dans l’espérance de son héritage, & qui ne lui avoient jamais donné aucun sujet de mécontentement, ne pouvoient être présens à l’ouverture d’un Acte, dont ils n’attendoient que des sujets de chagrin.

Je l’ai ouvert, aux yeux de M. Sylvestre. L’exorde est d’un homme irrité, qui apporte les raisons de son ressentiment contre un Frere, dont je crois vous avoir dit qu’il avoit reçu effectivement les plus mortelles offenses. Cependant j’ai été choqué de lui voir étendre ce ressentiment jusqu’aux malheureux Enfans du Coupable, & dans un Testament qu’il avoit fait trois semaines auparavant, c’est-à-dire, vers la fin d’une vie dont on désespéroit depuis trois mois. Avec toute la tendresse que je dois à la mémoire d’un Ami, je demande où sa vengeance se seroit arrêtée, s’il avoit été un puissant Monarque, qui eût pu la faire entrer dans ses dernieres dispositions ? D’un autre côté, ne voit-on pas que les Neveux, s’ils en avoient le pouvoir, puniroient leur Oncle de disposer à son gré d’une fortune qu’il ne devoit qu’à son industrie ? Il a fourni aux frais de leur éducation ; il a commencé à les pousser dans le commerce ; secours qu’ils ne pouvoient espérer de leur Pere, qui est un méchant homme, & qui s’est ruiné par ses débauches. N’auroient-ils pas un meil-