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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/276

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Histoire

de Sir Charles ne fait-elle pas voir combien ils adorent leur Maître ?

Je suis fort jalouse de l’affection des miens, depuis que j’observe en effet ceux de mon Tuteur, & depuis qu’Anne m’a raconté tout ce qu’ils disent de vous, autant qu’ils sont ici. Mais il y a tant de ressemblance entre vous & mon Tuteur, que vous paroissez nés l’un pour l’autre.

(Elle poussa un soupir involontaire, sans faire aucun effort néanmoins pour le retenir.)

Pourquoi ma chere Amie soupire-t-elle ? d’où viennent les soupirs de mon Émilie ?

Quelle bonté, Mademoiselle, de m’appeller votre Émilie ! Mon Tuteur m’appelle aussi son Émilie. Je suis fiere, lorsqu’il me donne ce nom… Mais je soupire encore. En vérité, je ne sais pas pourquoi. C’est une habitude, qu’il me semble que j’ai prise depuis peu. Peut-elle nuire à ma santé ? Anne me dit que c’est un mauvais signe, & que je dois m’en défaire. Elle prétend qu’il n’est pas joli, pour une jeune personne, de soupirer comme je fais. Mais je ne vois pas où est le mal.

On assure que les soupirs sont une marque d’amour ; & vous savez que les jeunes personnes…

Ah ! Mademoiselle, (en m’interrompant) vous ne laissez pas de soupirer souvent aussi.

(La rougeur me monta au visage.)