Aller au contenu

Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/301

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
91
du Chev. Grandisson.

roient capables d’oublier. C’étoit un mariage d’inclination. Il étoit passionné pour elle. La facilité, avec laquelle il avoit fermé les yeux sur ses premiers égaremens, n’avoit servi qu’à l’endurcir. Lorsqu’il eut reconnu l’impossibilité de vivre avec elle, il changea plusieurs fois de demeure, dans la seule vue de l’éviter. Enfin, menacé de plusieurs attentats, qu’il eut le bonheur de découvrir, il prit le parti de quitter l’Angleterre, pour continuer son Commerce dans les Pays étrangers, après avoir eu, néanmoins, l’attention d’assurer à sa femme une honnête subsistance.

Elle profita de son absence pour se livrer à toutes sortes de désordres. Ensuite, elle entreprit de le suivre. Je l’avois connu à Florence. Il m’avoit paru fort honnête homme, capable des meilleurs sentimens, & toujours prêt à marquer cette disposition par ses services & ses bienfaits. De tous ceux dont il étoit connu, sa femme étoit la seule qui ne l’aimât point. Elle le pressoit alors d’abandonner leur fille à ses soins, en promettant de répondre à cette complaisance par une meilleure conduite. Son motif étoit l’intérêt. On commençoit à juger que cette jeune personne seroit une riche Héritiere. J’étois avec M. Jervins, dans la premiere visite qu’elle lui rendit à Livourne ; & quoiqu’on ne m’eût pas fait une peinture avantageuse de son caractere, je me sentis porté à la servir. Elle avoit les dehors imposans.