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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/314

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Histoire

sein. Je ne me croirai point heureux, si je n’obtiens, quelque jour, la main d’une femme aimable.

(Je crains bien, Lucie, d’avoir marqué visiblement du trouble. Je ne savois…)

Miss Grand. Fort bien, Monsieur… Et de grace encore, n’avez-vous pas vu, soit en Angleterre, soit ailleurs, la femme que vous souhaiteriez de pouvoir nommer la vôtre ? Soyez sans crainte, mon Frere. Vous m’avertirez lorsque je deviendrai impertinente.

Sir Ch. Vous ne sauriez l’être, Charlotte. Si vous voulez savoir quelque chose de moi, la plus agréable voie que vous puissiez prendre est d’aller droit au but.

Miss Grand. Hé bien, si je ne puis être impertinente, si vous aimez qu’on aille au but par le plus court chemin, & si vous avez de l’inclination pour le mariage, pourquoi, s’il vous plaît, vous êtes-vous refusé aux propositions de Mylord W… en faveur de Mylady Françoise N… de Mylady Anne S… & de je ne sais combien d’autres ?

Sir Ch. Les Amis de la premiere de ces deux Dames ont manqué de générosité avec mon Pere. Toute sa famille a trop fait valoir le crédit & le titre du sien. Je n’ai pas voulu me mettre dans la dépendance d’un homme public. Mon bonheur, autant qu’il est possible, sera fixé dans ma sphere. J’ai des passions vives. Je ne suis pas sans ambition. Si j’avois lâché les rênes à la derniere,