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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/339

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du Chev. Grandisson.

noit l’air si méditatif ; c’est son expression. Ne voyez-vous pas, Miss Byron, a-t-il dit en souriant vers moi, que Charlotte n’a pas encore achevé de se déterminer sur l’humeur qu’elle prendra dans le quart-d’heure qui va suivre ?

Je lui ai répondu que Miss Charlotte me paroissoit déterminée à régler son humeur, sur celle qu’il prendroit lui-même. Je me garderai donc bien, a-t-il répliqué, d’en prendre une sérieuse ; car je souhaite que tout le monde ne connoisse ici que la joie. Et continuant de s’adresser à moi : puis-je espérer, Mademoiselle, que vous me permettrez de vous conduire à la Bibliotheque ?

Assurément, Monsieur… assurément, je ne ferai pas difficulté de vous suivre.

Telle est la réponse de l’innocente, qui ne l’a pas finie sans hésiter ; mais elle ne peut vous dire, Lucie, quelle figure elle faisoit alors.

L’engagement n’a pas été plus difficile. Il m’a présenté la main. Je me suis laissée conduire à la Bibliotheque. Quels efforts n’ai-je pas faits en chemin, pour rappeller toute ma présence d’esprit ? & quel mélange de tendresse & de respect n’ai-je pas cru voir dans ses regards & dans ses manieres ?

Il m’a priée de m’asseoir. Ensuite il s’est placé devant moi. Je crois que j’ai commencé par baisser la vue. Ma contenance trahissoit mon cœur. Mais il y avoit dans ses regards une si respectueuse modestie, qu’on