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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/370

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Histoire

ne put encore supporter l’imputation. Un jour sa femme de Chambre lui ayant dit qu’elle aimoit, elle répondit : est-ce de la haine, que vous voudriez que j’eusse pour moi-même ? Sa Mere lui parla de l’amour dans des termes favorables, & comme d’une passion légitime. Elle parut l’écouter avec attention ; mais elle ne fit aucune réponse.

La veille de mon départ pour l’Allemagne, on donna dans la Famille un somptueux souper, à l’honneur d’un homme sur lequel on avoit répandu tant de faveurs. On consentoit enfin à le voir partir, avec d’autant moins de peine, qu’on vouloit éprouver si son absence feroit quelque impression sur Clémentine. Sa Mere lui laissa le choix d’être de la Fête, ou de s’en dispenser. Elle en voulut être. Tout le monde se réjouit, de lui voir plus de gaieté qu’elle n’en avoit eu depuis long-temps. Elle prit part à la conversation, avec la vivacité & le bon sens qui lui étoient naturels, jusqu’à me faire regretter de n’être pas parti plutôt. Cependant, il me sembla étrange qu’ayant toujours paru me voir avec plaisir, depuis le changement même de son humeur, elle témoignât de la joie d’un départ que tout le monde avoit la bonté de regretter, & qu’elle parût même lui devoir son rétablissement. On ne remarqua d’ailleurs aucune affectation, dans ses manieres, ni dans ses regards. Lorsqu’on me fit des remercimens du plaisir que j’avois fait à toute la Famille, elle y joignit