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du Chev. Grandisson.

ner à l’ostentation. En un mot, dans la situation où vous êtes, je ne puis vous donner ma Fille ; & je vous conseille de remettre à vous marier quelques années plus tard, à moins qu’il ne se présente pour vous quelque Veuve ou quelque Héritiére, qui puisse arranger tout d’un coup vos affaires. Cette réponse fut la seule que Sir Thomas fit d’un air sérieux, comme l’effet d’une résolution que rien n’étoit capable d’ébranler. Tout le reste fut un badinage impitoyable. En vain Mylord, qui sentoit le motif de son refus, lui offrit de prendre sa Fille sans dot, & d’attendre tout du tems & de sa volonté. Il reçut à la fin des reproches de son obstination, & dans des termes si durs, que pour ne pas aigrir davantage un homme dont il attendoit son bonheur, il prit le parti de le quitter, en lui protestant néanmoins qu’il ne cesseroit pas d’aimer Miss Caroline, & d’employer tous ses efforts pour se conserver son affection.

Sir Thomas fut piqué de ce langage, qu’il prit pour une menace. Il fit appeller ses deux filles ; il leur défendit rigoureusement de recevoir les soins de Mylord, & de tout autre homme, qui leur parleroit de mariage ou d’amour sans sa participation. Mais dans un instant que Mylord avoit eu pour leur faire ses adieux, il avoit renouvellé toutes les promesses qui passent en amour pour des sermens sacrés, & Miss Caroline ne s’étoit pas moins engagée par