Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/64

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
54
Histoire

cherent de leur Pere, & se jetterent aussi à ses pieds.]

Miss Carol. Pardonnez-nous, Monsieur ! Je vous demande pardon, au nom de ma Mere !

Miss Charl. [D’un ton lamentable.] Pardon, Monsieur, au nom de ma Mere & de mon Frere !

[Toutes deux tirant le bas de son Juste-au-corps, & Madame Beckford faisant la même chose à leur exemple ; & lui les regardant sans paroître ému.]

Sir Thom. C’est un plaisir que je vous fais, Mesdemoiselles. Je sais que mon autorité vous pese. Il ne vous manque rien pour être femmes. Un Pere ne connoît le malheur d’avoir des Filles, qu’au moment que des hommes viennent leur faire envisager, hors de la Maison paternelle, un bonheur qu’elles trouvent rarement, néanmoins, hors du lieu qu’elles brûlent de quitter.

Miss Charl. Nous sommes à vous, mon cher Papa. Nous ne voulons être qu’à vous. N’exposez point vos Filles aux censures du Public. Jusqu’à présent notre réputation est sans tache.

Miss Carol. Ah ! Mon cher Pere, ne nous précipitez pas dans un Monde que nous ne connoissons point encore ! Gardez-nous sous votre protection ! Nous n’en désirons point d’autre.

Sir Thom. L’expérience vous viendra,