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Histoire

je l’exhorterois à mourir de honte, ou du moins à pleurer sa folie dans une profonde humiliation.

La Lettre du jeune Chevalier ne tomba dans les mains de ses Sœurs qu’après la mort de leur Pere, qui arriva quelques semaines après qu’il l’eut reçue, c’est-à-dire, avant qu’il eût envoyé à son Fils la permission de revenir. Vous jugerez sans peine qu’elles furent vivement allarmées, des préventions que leur Pere avoit cherché à faire naître contr’elles dans le cœur de leur Frere, & que cette crainte ne fit qu’augmenter après sa mort. Il avoit suspendu le Traité de mariage, & tous ses soins s’étoient tournés à l’arrangement de ses affaires. Il fit venir d’Irlande, l’Intendant qu’il y avoit pour cette partie de son bien. Il employa quelques jours à lui faire rendre ses comptes. L’Intendant des biens d’Angleterre rendit aussi les siens ; mais ces deux hommes, agissant de concert, trouverent le moyen de lui faire approuver tous leurs Mémoires, sur des résultats généraux qu’il promit de signer. Il sembloit que dans tous ces arrangemens, il ne redoutoit que l’œil de son Fils. Étrange force du vice, pour dégrader jusqu’à la fierté !

Mais qui répondra de la réformation d’un libertin d’habitude, lorsqu’il se trouve exposé à la tentation ? Observez ce qui suit. M. Filmer, Intendant d’Irlande, connoissant les foiblesses de son Maître, avoit amené