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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 2, 1763.djvu/99

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du Chev. Grandisson.

Les deux Sœurs comprirent aisément que c’étoit un prétexte, pour donner quelques momens de relâche à cette malheureuse femme, & pour se procurer le tems de leur faire goûter la conduite qu’il vouloit tenir avec elle. Aussi-tôt qu’elle fut sortie, il leur parla dans ces termes : permettez, mes chères Sœurs, que je vous prie de juger un peu favorablement de moi dans cette occasion. Je ne suis point capable de vous désobliger. Mais ce n’est pas sur le mérite de cette pauvre femme, que nous devons régler notre conduite. La mémoire de notre Pere y est intéressée. Nous devoit-il compte de ses actions ? Nous le devoit-elle des siennes ? Ils étoient indépendans tous deux. C’est nous-mêmes qui devons à Madame Oldham de la justice pour ses droits, de la générosité pour notre propre honneur, & de la bonté même, en faveur d’un Pere à qui nous devons, avec la vie, tout ce qui passe pour des avantages distingués dans l’opinion des hommes. M. Grandisson l’accuse d’avoir vécu avec trop de faste. Est-ce elle qu’il faut en accuser ? Et nous, si nous n’oublions pas de qui nous tenons le jour, aurions-nous bonne grace d’en accuser personne ? Le goût de mon Pere pour la magnificence n’étoit que trop connu. Il aimoit cette maison. Ses nobles inclinations le suivoient par-tout. J’ai plusieurs de ses Lettres, dans lesquelles il me vante l’économie de Madame Oldham. N’étoit-il pas libre de