que sans l’extrême attachement qu’elle a pour ses principes, elle préféreroit le Chevalier Grandisson à tout autre homme ; & loin d’être refroidi par cette idée, il admire une généreuse disposition, qui lui fait préférer sa Religion à son amour.
Le Seigneur Jeronimo est toujours dans une fort triste situation. Sir Charles lui écrit souvent, avec l’affection qu’il croit devoir à cet excellent Ami. La derniere Lettre lui apprend que les Chirurgiens étoient décidés pour une nouvelle opération, & que le succès en paroissoit fort douteux.
Avec quelle noblesse Sir Charles paroît supporter de si pesantes afflictions ! car celles de ses Amis ont toujours été les siennes. Mais son cœur saigne en secret. Un cœur sensible est un bien qui coûte cher à ceux qui le possedent, mais qu’ils ne voudroient pas changer pour tout autre bien. C’est en même tems une preuve morale d’innocence ; puisque le cœur, qui est capable de partager la douleur d’autrui, ne sauroit l’être d’en causer volontairement à personne.
Je me flatte que l’aimable Miss Byron est satisfaite à présent de ma soumission pour ses ordres. Elle ne me trouvera pas moins d’exactitude & de zele dans le récit de tout ce qui regarde Olivia. Mais après l’avoir affligée par des images si tristes, je demande que pour la consoler, elle me permette de lui faire élever les yeux vers un autre ordre de choses, qui est la vraie source de force & de consolation pour une ame raisonnable.