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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/141

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du Chev. Grandisson.

m’ordonne ! Qui l’empêchoit de suivre les loix de l’honneur ? Mais je ne puis manquer à la justice : pour Clémentine apparemment. Qui l’oblige d’y manquer ? À la justice ! Je ne le crains pas de vous, Sir Charles Grandisson. Votre gloire souffre même, d’admettre cette espece d’embarras dans vos idées ; comme si votre caractere étoit exposé à la tentation d’être injuste, & que vous eussiez besoin de vous tenir en garde contre vous-même.

Je ne puis manquer à la générosité… pour qui donc ? Sans doute pour l’illustre Italienne. Il lui doit de la compassion. Mais l’aurois-je mis, par mon empressement, dans l’obligation de me le déclarer ; comme si je souhaitois qu’en ma faveur il fût moins généreux qu’il ne veut l’être ? Je ne puis soutenir cette pensée. N’est-ce pas comme s’il avoit dit ; trop tendre Henriette, je vois ce que vous attendez de moi ; mais je dois de la compassion, je dois de la générosité à Clémentine. Cependant, quel terme de compassion ! Vertueuse Clémentine, je m’afflige pour vous, que vous ne trouviez en lui qu’un homme généreux. Oh ! puisse mon meilleur Génie me préserver du besoin de la compassion d’un homme, sans excepter celle du Chevalier Grandisson !

Mais, qu’a-t-il voulu dire, par le terme d’intérêt propre. Je ne le comprens point. Clémentine a reçu en partage une très-grosse fortune. Celle d’Henriette est médiocre. Il