les recevoir. Mon Tuteur se trouvoit engagé dans une réponse à Mylord W… qui étoit attendue par un Courrier. Il ne fut pas un quart-d’heure à paroître ; & lorsqu’il s’approcha d’eux, il leur fit des excuses, avec sa politesse ordinaire. Le docteur assure que jamais on n’a rien vu de plus respectueux, que M. Ohara & le Capitaine. Ils vouloient entrer en apologie, sur la conduite qu’ils avoient tenue dans leur derniere visite ; mais mon Tuteur ne l’a pas permis : & depuis le premier instant, dit le Docteur, ma Mere s’est observée avec une parfaite décence.
Aussitôt qu’elle eut demandé à me voir, mon Tuteur eut la condescendance de monter lui-même à ma chambre. Il me prit par la main : quelle bonté, Mademoiselle ! En me conduisant sur l’escalier, il me dit d’un ton charmant : ma chere, pourquoi trembler ? Ne suis-je point avec vous ? Votre Mere paroît fort tranquille. Vous lui demanderez sa bénédiction. Je vous épargnerai toutes sortes de peines. J’aurai soin de vous faire entendre quelle conduite vous aurez à tenir dans les occasions.
À peine avoit-il cessé de parler, qu’arrivant à la porte, je me trouvai tout d’un coup dans la chambre avec lui. Je me jettai à genoux devant ma Mere, comme je fais à présent devant vous, mais je n’eus pas la force de parler. Je fis comme à présent ; (& l’aimable Fille s’est mise à baiser mes mains,