écrit de l’heureux changement du Frere & de la Sœur, & par conséquent de toute la famille. M. Lowther est accablé de louanges & de caresses. Jeronimo a déja la force de demeurer levé quelques heures ; & Clémentine, celle de lui rendre deux visites par jour. Elle a recommencé à se servir de son aiguille ; & souvent, elle se plaît à travailler dans la chambre de son Frere.
Ses égaremens d’esprit sont plus rares ; & lorsque ses idées commencent à se troubler, elle s’en apperçoit aussitôt. Alors elle s’arrête d’elle-même. Elle verse une larme ; & le parti qu’elle prend est de se retirer dans son Cabinet, ou de garder le silence. Elle parle quelquefois à M. Lowther, qu’elle trouve dans la chambre de son Frere. S’il est question de moi, ses discours sont fort réservés, & durent peu sur le même sujet ; mais elle marque beaucoup de curiosité sur tout ce qui regarde l’Angleterre, sur les usages & les manieres du Pays, particulièrement des Femmes.
Chacun s’est fait une regle, sans excepter Jeronimo & Camille, de ne jamais faire tomber la conversation sur moi. Elle ne laisse pas de demander souvent de mes nouvelles, & de compter les jours de mon absence. Un jour, se trouvant seule avec Madame Bemont, elle lui dit : ne m’apprendrez-vous pas, Madame, pourquoi tout le monde évite ici de parler du Chevalier Grandisson, & cherche à me faire changer