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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/327

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du Chev. Grandisson.

l’esprit quelque fardeau, dont elle a de la peine à se décharger. Elle sera plus tranquille, lorsqu’elle aura révélé son secret. Vos tendres instances l’engageront à vous le communiquer. Je passe chez le Seigneur Jeronimo. Vous apprendrez d’elle-même, lorsqu’elle sera un peu revenue, ce qui s’est passé entr’elle & moi.

J’ai tout entendu, Chevalier ; & je vous regarde comme le plus noble des hommes. Il n’y a que vous au monde, qui soit capable à la fois de tant de bonté & de désintéressement. Un acte de Famille ! Assurément, il en faut un. Et comptez qu’il ne tardera point. Promettez-moi seulement que la maladie de ma Fille ne diminuera point votre affection, & qu’il lui sera permis de demeurer Catholique. De ma part, ces deux conditions sont les seules que j’exigerai. Tous les autres vous presseront encore d’embrasser notre foi, mais ce n’est plus que par honneur & pour sauver les apparences… L’arrivée du Marquis & du Prélat est venue interrompre cette effusion de cœur. Je les ai laissés, en priant la Marquise de leur apprendre ses nouvelles craintes, dont elle ne m’avoit informé qu’à demi. Camille, que j’ai rencontrée en me retirant, m’a dit que sa Maîtresse étoit beaucoup mieux, mais qu’il étoit évident, qu’elle ne se rétabliroit pas avant la célébration du mariage. Jeronimo étant endormi, je suis retourné à mon logement, après avoir fait dire à la Marquise que je reviendrois le soir.