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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/58

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Histoire

vous demeuriez incertain sur mes offres ?

Je répondis enfin que j’étois moins surpris qu’affligé de ses propositions ; que j’en avois eu quelque pressentiment, sans quoi l’honneur qu’on m’avoit fait de me rappeller, & les témoignages de bonté avec lesquels on m’avoit reçu, ne m’auroient pas permis de modérer ma joie.

Il se jetta sur quelques points de Religion, dans lesquels je refusai long-temps de m’engager ; & mes réponses furent moins celles d’un Théologien, que d’un homme d’honneur qui s’en tient à sa persuasion. Foible défense, répliqua-t-il, je ne m’attendois pas à vous trouver tant d’obstination dans l’erreur. Mais quittons un sujet que vous entendez si mal. Je regarderois comme une étrange infortune d’être réduit à la nécessité d’employer des raisonnemens pour engager un Particulier à recevoir la main de ma Sœur. Apprenez, Monsieur, que si je faisois connoître à Clémentine que vous eussiez seulement balancé… Il commençoit à s’échauffer, & la rougeur lui étoit montée au visage.

Je lui demandai la permission de l’interrompre ; & lui faisant remarquer un peu de chaleur dans ce reproche, je l’assurai que je ne pensois point à m’en défendre, parce que je ne devois pas m’imaginer qu’il me crût capable de manquer de respect, pour une personne qui méritoit celui d’un Prince. Je lui dis que je n’étois à la vérité