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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/78

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Histoire

Quels que soient les attachemens de ma Sœur, répondit le fier Général, nous connoissons les vôtres, Seigneur Jeronimo, & nous ne désavouons point qu’ils sont généreux ; mais ne savons-nous pas tous que les beaux hommes n’ont pas besoin d’ouvrir la bouche pour attacher les jeunes filles ? Le poison, pris une fois par les yeux, se répand bientôt dans toute la masse.

Je le priai de faire attention que du côté des femmes comme de celui des hommes, mon honneur n’avoit jamais été suspect.

Il reconnut que mon caractere étoit bien établi. Il protesta que si sa Famille n’avoit pas eu cette opinion, elle ne seroit jamais entrée avec moi dans le moindre Traité, mais qu’il n’en étoit pas moins piquant pour elle de voir une fille de son Sang refusée, & que je ne prévoyois pas sans doute les conséquences d’un affront de cette nature, dans le pays où j’étois.

Refusée ! interrompis-je avec beaucoup de chaleur. Répondre à cette accusation, Monsieur, ce seroit faire outrage à votre justice, & blesser indignement votre illustre Maison.

Il se leva d’un air irrité, en jurant qu’il ne vouloit pas être traité avec mépris. Je me levai aussi, & si je le suis avec indignité, lui dis-je, c’est, Monsieur, ce que je ne suis point accoutumé à souffrir.

Jeronimo parut consterné. Il nous dit qu’il s’étoit opposé à notre entrevue ; qu’il con-