Aller au contenu

Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 3, 1763.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
86
Histoire

de là ! (en se pressant la poitrine d’une main, & continuant de tenir l’autre sur son visage.) Ensuite, revenant vers moi ; mais, Monsieur, ne me parlez point. Écoutez-moi. Et lorsque j’aurai fini ce que j’ai à vous déclarer, que mon partage soit un éternel silence !

Sa Mere se noyoit dans ses larmes ; & la douleur me rendoit comme immobile.

Il me semble que j’avois mille choses à vous dire. Je voulois vous convaincre de vos erreurs. Ne vous imaginez pas, Monsieur, que j’aie la moindre faveur à vous demander. Tout part d’une estime désintéressée. Une voix, que je crois venue du Ciel, m’ordonne de vous convertir. J’étois prête à la suivre. J’aurois exécuté son ordre, je n’en puis douter. C’est de la bouche des Enfans que Dieu tire sa gloire. Vous connoissez ce passage, Monsieur. S’il m’avoit été permis de sortir lorsque je l’ai desiré… alors tout m’étoit présent ; mais il ne m’en reste rien dans la mémoire. Facheuse Camille, avec ses impertinentes questions. Elle m’a parlé d’un air tout-à-fait frénétique. Elle étoit piquée de me voir si tranquille.

Je voulus répondre. Vous tairez-vous, me dit-elle, lorsque je vous l’ordonne ? En même tems elle me ferma la bouche d’une de ses mains, que je retins un moment des deux miennes, & sur laquelle je pris la liberté d’attacher mes levres.

Ah Chevalier ! continua-t-elle, sans la retirer, vous n’êtes qu’un Flatteur ! Oubliez--