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Histoire

Ciel, & l’exhorta beaucoup à ne se pas moins distinguer dans la soumission qu’elle devoit à ceux dont elle tenoit la vie.

Toutes ces considérations lui paroissant d’un grand poids, elle prit du temps pour les méditer encore. Après avoir passé trois heures dans son cabinet, elle remit à Madame Bémont l’Écrit suivant, qu’elle croyoit propre, lui dit-elle, à la faire dispenser de paroître dans l’Assemblée qu’on lui proposoit.

« Je suis excédée, ma chere Madame Bémont, de vos tendres, mais fatigantes instances, aussi bien que des importunités, des prieres & des raisonnemens de mes Freres. Ô ma Mere ! quelle obéissance, quelle aveugle soumission ne méritez-vous pas, d’une Fille qui a troublé le repos de vos heureux jours ! Vous n’avez jamais connu la tristesse, avant les peines que je vous ai causées. Le sacrifice de ma vie seroit une foible expiation pour tout ce que je vous ai fait souffrir. Et qui peut résister aux instances d’un Pere à genoux ? En vérité, mon tendre & respectable Pere, je tremble de vous revoir. Que jamais, du moins, je ne vous revoie dans la posture où je vous ai vu Jeudi dernier.

» J’ai refusé, à mon cœur, l’homme qu’il estimoit ; & par un motif qui ne doit, qui ne peut me permettre de m’en repentir. Il est impossible que je sois jamais à lui. Le Pere Marescotti, quoiqu’il le juge