d’autre espérance, que d’être regardée comme sa Fille ; & je crois que ma découverte ne vient pas encore trop tard : mais je ne dois pas habiter la même maison. Je ne dois pas vivre avec lui dans une société continuelle.
Admirable discrétion ! charmante innocence ! Hé bien, ma chere, si vous vous adressiez à Mylady L… ou à Mylady G… ?
Ah non, non ! je n’y gagnerois rien non plus. Mon Tuteur seroit le continuel sujet de notre conversation ; & souvent, trop souvent, sa bonté fraternelle l’ameneroit chez ses Sœurs.
Quel courage ! je vous admire, Émilie. Je vois que vous avez fait de profondes réflexions sur ce point. Quelles sont donc vos idées ?
Ne les devinez-vous pas ?
Je sais ce que j’aurois à souhaiter… Mais vous devez parler la premiere.
Ne vous souvenez-vous pas de ce que la bonne Mme Sherley m’a dit le jour de votre Mariage… que je serois regardée, dans la Famille, comme une seconde Henriette ?
Je m’en souviens, très-chere Émilie. Et votre inclination vous porteroit-elle…
Ah, Mme ! si j’obtenois cette faveur, toute mon ambition seroit de marcher sur vos traces au Château de Selby, d’apprendre de vos nouvelles, de vous écrire, de me former sur les modeles qui ont servi à vous former vous-même, de recevoir de Mme Sherley & de Mme Selby le nom de leur Émilie. Mais vous entreprendrez donc, Mme, de me procurer le consentement de mon Tuteur ?
J’y employerai tous mes efforts.
Vos efforts ? Le succès est donc certain. Il ne vous refusera rien.
La bonne Mme Sherley y consentira-t-elle ?
Je n’en doute pas, si votre Tuteur y consent.
M. & Mme Selby voudront-ils me recevoir comme leur Niece ?
Nous pouvons les consulter ; ils sont heureusement ici.