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Histoire

LETTRE CXII.

Le Seigneur Jeronimo au Chevalier Grandisson.

Vous serez surpris, mon cher Chevalier ; vous tomberez dans le plus grand étonnement. Cette chere Clémentine ! avec quel oubli d’elle-même elle a terni toute sa gloire ! Une Fille si délicate sur l’honneur… Bon Dieu ! faut-il que moi, son Frere, que votre Jeronimo expose l’imprudence d’une Sœur si chere !

Nous avions donné dans presque tous les désirs de son cœur. Elle nous avoit demandé un mois, pour voyager de Ville en Ville, de l’autre côté des Apennins, sous prétexte de fortifier sa santé ; & nous n’étions pas sans espérance qu’à la fin de ce terme elle consentiroit à recevoir la main du Comte de Belvedere, pour lequel elle marquoit de la reconnoissance & de la pitié. Nous avions approuvé, pendant son absence, différentes excuses sur lesquelles elle avoit différé son retour. Cependant nous avions été plus difficiles pour la permission de visiter Rome & Naples, & nos raisons l’avoient contentée. Elle nous demanda la permission de prendre à son service, en qualité de Page, un jeune Anglois, Neveu d’un Négociant de Livourne, & bien recommandé par son Oncle,