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Histoire

qui suffit pour mon châtiment. Ainsi je vous demande à la fois grace & pitié. Le mal prochain est toujours le plus terrible. Mon aversion est extrême pour le mariage. Je vois toucher à sa fin le terrible mois, après lequel on s’attend à me livrer au pouvoir d’un homme contre lequel je n’aurois pas d’objection à faire, si je me sentois capable de le rendre heureux, & de trouver quelque bonheur avec lui. Mais quel moyen ! Persuasion ! cruelle persuasion ! Un Pere à genoux, une Mere en larmes, des Freres généreux, mais pressans ; comment, comment résister, si je retourne à Boulogne ? Vous, mes chers Parens, mes Amis, à Boulogne, à Urbino, grace & pardon. Que n’ai-je pas souffert, avant que d’en venir à la résolution qu’il faut que j’exécute, quand elle devroit être suivie du repentir. Ô Comte de Belvedere ! je vous demande grace aussi. Changez d’attachement. Vous méritez une meilleure Femme, que la conscience, l’honneur, la justice, termes qui signifient la même chose, ne peuvent vous la donner dans la malheureuse Clémentine… elle n’ose ajouter della Porretta. Ah, ma Mere ! »

Clémentine a laissé cette Lettre à Livourne, avec ordre de ne pas la faire partir avant que le Bâtiment eût mis à la voile. Nous sommes tous dans une mortelle consternation, mais sur-tout ma Mere. L’espérance d’adoucir un peu ses peines nous fait prendre la résolution d’anticiper sur notre visite