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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 4, 1763.djvu/224

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Histoire

une Terre d’Hérétiques ; moi qui ne passois pas pour manquer de Religion & de piété ? Me direz-vous comment ce changement peut être arrivé ?

Il étoit un homme… Mais j’ai renoncé à lui ; & j’ai eu de bonnes raisons pour y renoncer. Croyez-vous donc que je m’en repente ? Non, Chevalier, en vérité. Jamais je ne m’en suis repentie. Cependant je ne pense à personne, ni si souvent, ni avec la moitié tant de plaisir. Quoiqu’Hérétique, il est le meilleur des hommes. Mais quelle hardiesse ! Oser dire ici qu’il est Hérétique ! Peut-être nous y donne-t-on le même nom. Je sais qu’on nous traite même d’Idolâtres. Pour moi, j’avoue que j’ai eu de l’idolâtrie à me reprocher… Mais je passe sur ce point. Il se peut que les Catholiques pensent plus mal des Protestans, & les Protestans des Catholiques, qu’ils ne méritent les uns & les autres. Je suis portée à le croire. Mais il ne me paroît pas moins que vous êtes une étrange Nation.

Il me semble, Chevalier, qu’il y a quelque chose qui me causeroit beaucoup de joie… On m’assure ici que vous êtes marié : c’est ce que je savois avant que de quitter l’Italie ; sans quoi vous devez croire que je ne serois jamais venue à Londres. Cependant j’aurois plutôt pris la fuite, que de consentir à me marier ; mais peut-être me serois-je retirée dans un Pays Catholique… Que voulois-je dire ?… Qu’il y a quelque chose que je souhaiterois beaucoup ; ce seroit de