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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 4, 1763.djvu/25

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du Chev. Grandisson.

aussi mal que vous m’avez représentée à votre Frere ? Je ne crois pas l’être à ce point. Si je le croyois, comptez que je ferois tous mes efforts pour mettre un nouvel ordre dans mes idées ; & je ne quitterois pas l’entreprise, sans être un peu plus sûre de moi.

Vous n’avez eu, dites-vous, aucun dessein d’exciter l’attention de votre Frere pour les fausses couleurs de votre pinceau, lorsque vous lui avez décrit les effets de mon indisposition. Son attention ! Vous auriez pu dire sa pitié. Le Ciel m’en préserve !

À tout prendre, il y a deux choses qui n’ont pu manquer de me faire plaisir dans votre Lettre ; l’une, que Sir Charles ait témoigné tant d’inquiétude pour ma santé ; l’autre, que vous soyez tous dans la résolution, & volontairement, parce que les circonstances vous ont paru le demander, de laisser prendre à toutes les affaires leur cours naturel. Tenez-vous-en là, je vous en supplie. Il me semble que l’ouverture, comme vous la nommez, étoit de beaucoup trop chaude. Ciel ! ma chere, que j’ai tremblé en lisant cette partie de votre Lettre ! Je ne sçais même, si j’en suis tout-à-fait satisfaite, quoique je le sois de votre intention.

Considérez, ma chere, la moitié d’un cœur, une femme préférée & si préférable en effet, par la qualité, la fortune, & toute sorte de mérite. Oh Charlotte ! Il me seroit impossible à présent, dans les plus heureuses