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du Chev. Grandisson.

sa Mere, & pour faire quelques emplettes nécessaires à son voyage. Chere petite Créature ! Elle me coute quelquefois une larme. Ne me souviens-je pas d’avoir été dans la même situation ? Mais j’écris bien froidement, pour une femme impatiente, qui s’attend bientôt à voir une Clémentine.

Vendredi au Soir.

Clémentine, ma très-chere Grand-Maman, ne sera point, & ne doit pas être forcée. Si je l’admirois, si je l’aimois déja, mon admiration, ma tendresse, sont augmentées du double, depuis que j’ai eu le bonheur de la voir & de l’entendre. Elle est réellement d’une figure charmante ; de taille moyenne, extrêmement bien prise, avec un air de dignité, & même de grandeur, dans tout ce qu’elle fait & ce qu’elle dit. Elle a le teint admirable, sans que l’art paroisse y contribuer : réellement elle est charmante. Elle a les plus beaux yeux noirs que j’aie jamais vûs ; les cheveux & les sourcils de la même couleur. Ses yeux, néanmoins, ont quelquefois un air de distraction & de langueur, qui rappelle, à ceux qui savent son Histoire, que sa tête n’a pas toujours été tranquille. Comment se fait-il qu’on puisse prendre avantage de son Sexe, pour la traiter avec une sorte de tyrannie ; pendant qu’elle l’emporte peut-être sur ses Freres par l’esprit & le jugement ?

Lorsque nous sommes arrivés chez My-