mentine, dans un Cabinet, où vous ne verrez que les personnes avec qui vous êtes, jusqu’à ce que vous ayez rappellé vos esprits. Je craignis que dans son trouble elle n’eût point entendu ce sage conseil ; je le répétai après Sir Charles. Son courage en augmenta visiblement. Elle lui tendit une main tremblante ; il la conduisit dans un Cabinet, par une porte dérobée, qui donnoit sur le Vestibule. Nous la suivîmes, Mylady L… & moi. Nous nous assîmes à ses côtés, & Sir Charles vis-à-vis d’elle. Nos sels, nos exhortations, eurent beaucoup de peine à lui faire retrouver ses forces.
Lorsqu’elle fut un peu ranimée ; doucement, nous dit-elle, en levant le doigt, & nous regardant d’un œil effrayé ; parlons bas, nous pourrions être entendus ! Ensuite, se fortifiant de plus en plus ; Ô Chevalier ! reprit-elle, que vais-je dire ? Que vais-je faire ? Quelle contenance suis-je capable de prendre ? Est-il vrai, est-il possible que je sois dans une même maison, avec mon Pere, ma Mere, mes Freres ? Qui encore ? qui encore ? ajouta-t-elle avec précipitation.
Il est réglé, lui dit Sir Charles, par ménagement, par tendresse pour vous, ma très-chere Clémentine, que vous ne verrez d’abord que votre Mere ; ensuite votre Pere ; & quand vous le souhaiterez, vos Freres, Madame Bémont, le Pere Marescotti.
On vint appeler Sir Charles. Ô Monsieur, Monsieur ! ne me quittez pas : & se tournant vers Mylady L… & moi ; ne me