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du Chev. Grandisson

LETTRE CXXXII.

Mylady Grandisson à Madame Sherley.

8 Avril.

Ma chere Grand-Maman ne se plaindra point que mes dernieres Lettres ne soient pas assez remplies de nos amusemens & de nos conversations. Quelle scene de bonheur ! & qu’ai-je à desirer que sa continuation ? si ce n’est peut-être, que l’admirable Clémentine eût un établissement de son goût, & dont ses tendres Parens pussent tirer autant de satisfaction qu’elle. On s’apperçoit sans cesse qu’il manque quelque chose à la sienne, & par conséquent à la leur. Cependant ses Amis, les Amis de sa réputation & de sa Famille, peuvent-ils deviner quoi ? Je dois être la derniere qui se mêle d’en juger : moi, qui, après avoir connu Sir Charles Grandisson & m’être flattée de quelque espérance, n’aurois jamais pu me croire heureuse avec un autre homme. Observez que si Clémentine n’avoit pas rejetté volontairement le meilleur des hommes, le malheur de le perdre auroit dû lui paroître insupportable. Mais la noblesse de ses motifs doit la soutenir glorieusement contre le chagrin de cette perte. Cependant, s’il faut que je le répete, le soin que je lui vois d’éviter la Compagnie, les excuses