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du Chev. Grandisson

pour vous-même ; & dans le monde vous pouvez vivre pour Dieu, plus efficacement que dans un cloître, en exerçant le pouvoir, qui ne vous manquera jamais de faire du bien, c’est-à-dire, d’employer toutes vos vertus. Tout le monde, comme je me souviens de vous l’avoir dit, n’a-t-il pas besoin de grands exemples, que vous êtes capable de lui donner ? Ah ! Mademoiselle, c’est le cœur, & non la profession, qui rend un sacrifice agréable à Dieu. Votre Ayeul maternel, quoique zélé Catholique, étoit persuadé qu’il y a bien des cœurs gémissans dans le cloître ; & cette supposition, confirmée par un exemple dont il avoit été touché, lui fit insérer dans son Testament les clauses qu’il crut capables de vous engager au mariage. Votre autre Grand-Pere ne fit pas difficulté de se joindre à lui pour les fortifier.

Et sous quelle peine, Monsieur ? Uniquement sous celle de perdre une succession que je ne desire point, & qui n’est pas nécessaire à ma Famille. Nous sommes tous riches. Ce sont des Terres achetées, ce n’est pas un Patrimoine.

Achetées, j’en conviens : mais dans quelle vue, Mademoiselle, & pour qui ?

Je souhaiterois que ma Famille fût supérieure à ces motifs.

Vous ne voulez pas lui ôter le droit de juger pour elle-même ?

Je ne me persuade point, a-t-elle repris, qu’il y ait beaucoup de cœurs gémissans dans