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du Chev. Grandisson

flattois que votre amitié, réunie en ma faveur, une amitié, dont je sentois que mon affection désintéressée me rendroit digne, pourroit contribuer à mon repos ; & je ne pensois qu’à la cultiver. Ma raison blessée ne me permettoit pas de considérer, qu’il entroit, dans mon plan, des circonstances dont le monde porteroit un autre jugement que moi : & lorsque j’ai su de quoi la malignité est capable, mais sur-tout lorsque je vous ai vue saisie, ma chere Mylady Grandisson, de cette indisposition subite, qui, dans le trouble de mon imagination, m’a paru menacer votre précieuse vie… j’ai… je n’ai…

Elle s’est arrêtée, comme si le fil de ses idées s’étoit rompu. Ensuite, reprenant : vous savez, Madame, le fond de mes sentimens : Monsieur, je vous en ai dit assez. À présent, conseillez-moi. Pour ne vous rien déguiser, j’ai presqu’autant d’impatience de quitter l’Angleterre, que j’en ai eu d’y venir. Je suis malheureuse. Oh que je me sens le cœur agité ! Quand, quand serai-je tranquille ?

Que vous dirai-je, Mademoiselle ! a répondu Sir Charles. Quel conseil puis-je vous donner ? Vous m’assurez que vous n’êtes pas heureuse. Vous croyez que vos Parens ne le sont point. Nous sommes tous persuadés que leur bonheur dépend de vous. Mais à Dieu ne plaise que ce soit au prix du vôtre, lorsque vous avez déja eu tant à souffrir ! quoiqu’on puisse douter, au fond, si