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du Chev. Grandisson.

qu’il m’a paru possible, quoique peu probable, que sa résolution changeât en ma faveur. J’avois prévu que, par des raisons de Famille, vous vous uniriez tous pour l’engager au mariage ; & lorsqu’elle se verra sérieusement pressée, disois-je en moi-même, il peut arriver qu’elle passe sur ses scrupules, & que proposant des conditions pour elle-même, elle prenne le parti d’honorer de sa main l’homme qu’elle honoroit ouvertement de son estime. Le mal dont elle est heureusement délivrée, laisse quelquefois des incertitudes dans l’ame. Mon absence, qui me conduit à prendre un établissement dans le Pays de ma naissance, peut-être pour ne retourner jamais en Italie, ses hautes idées de reconnoissance, le fond qu’elle fait sur mes sentimens, toutes ces considérations réunies me paroissoient capables d’affoiblir sa résolution ; & si ce changement arrive, ai-je pensé, je ne puis douter de la faveur de sa Famille. Il me semble, cher Ami, qu’il n’y avoit point de présomption dans cette espérance. Je me devois à Clémentine jusqu’au dernier moment, c’est-à-dire, jusqu’à la Lettre qu’elle m’avoit promise. Mais, aujourd’hui que je vous vois tous du même sentiment, & que cette chere personne, quoique pressée de faire un autre choix, est en état de me consulter comme un quatrieme Frere, qui n’a plus, dit-elle, aucun intérêt à l’événement, j’abandonne toutes mes espérances. C’est dans ce sens que j’écris à