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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 4, 1763.djvu/390

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Histoire

de Clémentine. On m’apprit heureusement que depuis quelques jours elle descendoit seule au jardin, & qu’elle en revenoit assez tard. Ensuite mes propres observations me firent découvrir que le Pere Marescotti & M. Barlet y étoient quelquefois avec elle ; mais je remarquai aussi qu’ils la quittoient à l’approche de la nuit, & qu’elle y demeuroit après eux. Enfin j’étois résolu de ne pas différer long-tems une démarche fort bizarre, & j’avoue que sa bizarrerie même, autant que ma répugnance à tromper, avoit beaucoup de part au délai ; lorsqu’apprenant hier au soir, que vous étiez informés de la mort de Daurana par une Lettre de Naples, l’occasion excita mon courage, en renouvellant toutes mes espérances. Vous ferai-je la description d’une scene, dont je rougirois peut-être, si je ne voyois avec admiration un succès qui doit la justifier ?

Hier, entre huit & neuf heures du soir, lorsque le jour commençoit à s’obscurcir, j’entrai au jardin, après en avoir vu sortir le Pere Marescotti & M. Barlet. J’étois couvert d’un long manteau noir, dont vous allez entendre l’usage. Il me fut aisé de m’avancer jusqu’au petit Bois, où, prêtant un peu l’oreille, j’entendis la marche de Clémentine, qui s’y promenoit encore. Je lui laissai le tems de remonter toute son allée, pour me donner celui de préparer le spectacle, que je lui destinois à son retour. Elle revint sur ses pas. J’avois pris poste derriere un gros arbre qui borde l’allée. Mon manteau,