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Histoire

traits, mais beaucoup plus vifs. Enfin, pressée par les agitations de son cœur, elle me dit tristement : Ne demandez-vous pas l’impossible ? Vous me souhaitez du goût pour la joie ! Ah ! vous ne connoissez pas toutes mes peines. Vous m’étonnez, lui répondis-je d’un air sévere. Des secrets pour moi ! Qu’est devenue votre soumission, & la confiance que vous me devez ? Hé bien, reprit-elle en rougissant, je vous ferai un aveu que je ne dois qu’au ciel & à vous. »

Le Pere Marescotti s’est ici tourné vers Sir Charles & vers moi, pour nous prévenir sur la part que nous avions à la suite de son récit ; & continuant sans autre interruption, il a dévoilé de nouveaux trésors de vertu & d’honneur dans l’incomparable Clémentine. Elle lui avoit protesté que me jugeant digne de mon bonheur, & le voyant sans envie, ses peines ne venoient plus de leur premiere cause. Depuis les Articles elle étoit même assez tranquille sur les persécutions dont elle avoit voulu se garantir par sa fuite : mais, pour son tourment, il lui étoit tombé dans l’esprit que je ne pouvois avoir ignoré les anciennes circonstances de sa maladie ; c’est-à-dire, ce qui s’étoit passé à Boulogne entre elle & Sir Charles ; que dès-lors sans doute, ayant mes droits sur le cœur dont j’étois en possession, j’avois été fidellement informée de l’état du sien, & des tristes révolutions qu’elle avoit éprouvées ; qu’apparemment j’y avois pris part, non-seulement par la com-