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Histoire

reprit toute sa tranquillité après l’avoir lue ; elle nous la présenta d’un air composé : lisez, Messieurs, comparez les faits. Nous ne pûmes retenir quelques marques d’admiration. Comptez les faveurs du Ciel, reprit-elle modestement : Daurana est morte dans des sentimens chrétiens ; ma Tante me rend son affection ; & je suis guérie !

» Tout le reste du tems fut employé à nous expliquer ses intentions. Elle nous avoit déja priés de demander pour le lendemain une assemblée de tous ses Amis. Dans ses premieres vues c’étoit seulement pour vous faire le récit de son avanture, & vous rendre témoignage de sa guérison : mais ses idées s’étendant plus loin dans notre entretien, elle souhaita qu’avec la connoissance que j’ai toujours eue de ses plus intimes sentimens, je commençasse par vous découvrir le fond de son cœur dans ce qu’elle nomme le cours de ses infortunes ; que cette expression fût suivie de l’avanture du jardin avec toutes les preuves de sa guérison ; & que, tout à la fois, pour ne lui laisser que le plaisir pur de vous présenter dès aujourd’hui une Fille soumise, une Sœur complaisante, une Amie sincere, une ame pénétrée de tendresse & de reconnoissance, je vous fisse l’ouverture de ses véritables dispositions. Il me reste à remplir cette charmante partie de ses ordres, que je regarde comme le sceau de son rétablissement.