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Histoire

qui disposera d’elle avec plus de plaisir & d’honneur, lorsque le tems aura confirmé sa guérison.

» Sir Charles & Mylady Grandisson sont, pour elle, ce que le Monde a de plus parfait, & lui paroissent, dans leur union, ce qu’il a de plus heureux. Elle voit leur bonheur avec joie : elle prend leurs perfections pour modele. Dans le souvenir qui lui reste du passé, elle croit pouvoir attester Dieu, qu’elle n’a jamais désiré, de Sir Charles, que les sentimens qu’elle lui demande encore, & qui peuvent s’accorder si bien avec ceux qu’il doit à Mylady, qu’elle les demande à Mylady même, en leur vouant à tous deux l’immortalité des siens. Que ne peut-elle compter la Religion entre les fondemens d’une si belle amitié ! Ce regret, qu’elle nomme hardiment la seule cause de sa maladie, la suivra jusqu’au tombeau.

» Elle ne veut point être accusée d’ingratitude pour M. le Comte de Belvedere, sur-tout lorsque les sentimens dont il l’honore sont avoués d’une Famille dont elle respecte les intentions. Elle rend justice à son mérite ; elle sent tout le prix de ses soins & de sa constance. S’il conserve cette généreuse prévention pour elle, & le même rang dans l’opinion de ses Amis, elle aura, pour lui, d’autant moins d’éloignement, que l’ayant si peu quittée pendant le cours de sa maladie, il a dû connoître son caractere, ses principes, & lire