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Page:Richardson - Histoire du chevalier Grundisson, Tome 4, 1763.djvu/426

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Histoire

médiocre que de les cacher à Clémentine : mais cette précaution me semble inutile pour le danger qu’on craignoit. La santé de Clémentine se fortifie de jour en jour ; & le renouvellement de ses charmes est si réel, qu’avant sa maladie même, & plus jeune d’environ deux ans, Sir Charles m’assure qu’elle n’avoit pas plus de fraîcheur & de beauté. En effet, quels yeux ! quel teint ! quelle chevelure ! Quand je considere toutes les perfections de cette belle tête, & que me représentant les anciens combats de Sir Charles, je songe combien son cœur étoit en danger, je sens battre quelquefois le mien ; comme si, dans la sécurité du présent, il me restoit quelque chose à redouter. Pardonnez, ma chere Tante, une foiblesse dont je rougis aussitôt. Quelquefois une sueur froide me prend ; & si je me trouve assise, je suis poussée par un mouvement involontaire à me lever. Religion, Patrie, quel doit être votre pouvoir sur une grande ame, pour avoir soutenu Sir Charles dans une épreuve de cette nature ! Car alors il n’étoit pas même défendu par une premiere impression de mes foibles traits. Il ne me connoissoit pas : il n’étoit armé que de sa propre force ! Mais, qu’auroit-ce été si l’ascendant d’un goût particulier, décidé, comme il arrive quelquefois, pour les cheveux noirs, s’étoit joint au goût général de la beauté ? Ah, ma chere Tante, votre Henriette étoit perdue ! Avec tant d’esprit, &