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Histoire

étoit emporté par ses devoirs ou ses affections ; &, dans le commerce Général, on en demeuroit aux termes de la politesse & de l’amitié. Il sembloit que tout le monde attendît Sir Charles, pour l’ouverture d’une scene plus vive. Le soir, néanmoins, Émilie ne se retiroit pas sans être venue jusqu’à ma chambre, où elle m’entretenoit long-tems du mérite de M. Belcher. J’étois charmée de reconnoître, à chaque mot, que son cœur en étoit plein. Elle me répétoit vingt fois qu’elle n’avoit pu se défendre de l’aimer, parce qu’elle ne connoissoit point d’homme qui ressemblât mieux à son Tuteur ; & la petite Flatteuse ajoutoit que faisant toute son étude de m’imiter, elle ne souhaitoit de lui plaire, qu’autant qu’il lui trouveroit un peu de ressemblance avec moi.

Sir Charles arriva le 9, à minuit. Je juge qu’il avoit mesuré sa marche, pour me trouver libre, & recevoir aussitôt des informations sur tout ce qui s’étoit passé dans son absence. Après m’avoir expliqué ce qu’il avoit fait lui-même, & m’avoir moins étonnée que ravie de joie, par vingt nouveaux traits de noblesse & de bonté, il écouta, fort curieusement, ce que j’avois à lui raconter. S’il apprit d’abord, avec une vive satisfaction, l’arrivée de nos Amis, & l’air de tendresse qui régnoit entre trois couples d’Amans heureux, elle fut un peu diminuée par l’état de la Marquise, & par la conduite réservée de Clémentine. Cependant il ne