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du Chev. Grandisson.

fois que Sir Charles paroissoit penser à moi ; & que, par conséquent, s’il devoit être traité comme un homme dont l’alliance nous faisoit honneur, nous n’étions pas moins obligés de garder quelques mesures, du moins en apparence, pour ne pas faire juger qu’il avoit été sûr de sa conquête à la premiere vue ; d’autant plus que le mauvais esprit de M. Greville est assez connu. Mon Oncle s’est échauffé. J’ai toujours tort, a-t-il dit, & les Femmes ont toujours raison. Il s’est jetté dans tous ces lieux communs, & ces expressions singulieres, dont vous l’avez si souvent raillé. Son espérance, a-t-il dit, étoit de saluer sa Niéce avant quinze jours, sous le titre de Mylady Grandisson. Quels pouvoient être les obstacles, lorsque toutes les volontés étoient d’accord ? Si proche du dénouement, il avertissoit ma Tante, comme il l’exhortoit à m’avertir, de ne pas donner dans l’affectation. Sir Charles ne prendroit pas une bonne idée de nous, s’il nous échappoit quelque grossiéreté. Enfin, son sentiment étoit qu’il ne falloit pas le laisser sortir du Château, & prendre son logement dans une Hôtellerie, autant pour l’honneur de toute la Famille, que par égard pour sa propre invitation. Ma Tante a répliqué que Sir Charles attendoit lui-même de la délicatesse dans nos procédés ; qu’il étoit évident, par l’ordre qu’il avoit donné à ses Domestiques de tenir les chevaux à sa Voiture, qu’il ne se proposoit point de passer la