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DOR.
DOR.

Ordonnance de Henri IV. qui dcfendoit de porter de l’or & de l’argent fur les habits , excepté aux femmes de joie & aux filoux ; & quoiqu’il y eilt un mois de terme , cependant des le lendemain cliacun quira les habits doie^^. * Dorer la pilule. [ Jtmarct dulccdine mcllitâ tempcrati. ] Proverbe , pour dire , faire foufrir quelque choj’e de fâcheux en L" adouci^ J.nt , par de belles paroles.

( Le Seigneur Jupiter fait dorer la pilule. Mofure. )

Dorénavant, adv. [Deinde , inposterùm.] Ce mot siguifie désormais, mais il n’est pas trop usité.

Doreur, s. m. [Inaurator.] Celui qui dore. (Doreur sur cuir, Doreur sur tranche, Doreur sur bois, Doreur sur fer, sur bronze, sur cuivre, &c.)

Doreuse, s. f. [Inauratoris uxor.] Femme ou veuve de Doreur, qui fait travailler des compagnons.

Doroir, s. m. [Scopula quâ pislores panem illinunt.] Terme de Pâtissier. Manière de petite brosse avec quoi on met la dorure fur la pâtisserie. (Prenez ce doroir & dorez ce pâté.)

Dorique, adj. [ Doricus. ] L’ordre dorique , c’eft le nom du fécond des cinq ordres de l’Architeûure. On dit auffi , colonne dorique. •{Dorloter, v. a. _ AUquem curare molliùs.’ Careffer , flaier , choïer. ( Elle dorlote bien ion mari. Molière. L’Efpadon fatirique , atribué au Baron de Fourquevaux , dit de la barbe d’un Médecin en raillant :

Dorlotant une longue barbe ,

Dont le parfum eft de rht.barbe , De coloquinte & d’opium. )

•{• Sf dorloter ,v.a.{ Se molUter curare ] Se donner toutes fcs petites commoditez. Cherther avec paffion fcs alfes. ( C’ell un bon ho.Time qui le dorlote fort. )

Dormant, / m. On dit ce mot , en parlant des Sept Dormans , qu’on prétend avoir dormi près de deux cens ans dans une caverne , depuis 1 Empire de Decius jufqu’à celui de Théodofe II.

DormuTit , f. m. ^Funes immobiles. 1 Terme de Marine. Il fe dit des cordages qui font fixes , & l’on dit en ce fens , qu’entre les Manœuvres , il y en a de coulantes , & d’autres qui font dormantes.

Dormant , f. riK La partie fixe d’une croifée on d’une porte.

Dormim , pcirt. [ Dormiens. ] Qui dort. ( Les biens lui viennent en dormant. Abl. Luc. t. i. ) Dormant. [ Supcrcilium. ] C’eft dans le haut d’une porte quarrée ou cintrée , une frife ou un chaiïis de bois ataché dans la feiiillure , & qui fert de batement aux ventaux. ( Dormant de croifée. )

Pont dormant. [ Pons qui non movetitr. ] C’efl un pont qui ne fe levé point. Fenêtre à verre dormant. [ Fitrum non exemtile. ] C’efl : - à - dire , qui ne s’ouvre point. Serrure àpéne dormant ; c’eft une ferrure qui ne fe fermepoint toute feule, mais dont il faut poulTcr le pêne avec la clé. •Dormant, Dormante, adj.[Refesaqua.’ Ce mot fe dit de l’eau , & fignifie qui ne coule point. ( Eau dormante. )

Dormeur ,/ m. [Dormuator , fomniculofus.’] C’eft un grand dormeur. )

D O R.

Dormeuse, //[ Scmniculofa. ] Celle qui dort beaucoup. Celle oui aime à dormir. ( Une groffe dormeufe. )

DoRMiR,y. m. [Scmnus , quies."] Sommeil. ( On croit que le dormir ne vaut rien après le dîné. ) [ Non efi bonus fomnus de prandio. ] Dormir , v. n. [ Dormire. ] Prendre le fommeil. Être pris du fommeil. ( Doimir un bon fomme, dormir d’un léger fomme. • Dormir la graffe matinée. [ Dormire in multam diem. ] Manière de phrafc proverbiale ; pour dire , dormir beaucoup , & bien avant dans le jour. Dormir à bâtons rompus , c’eft mal dormir. Voiture.

( C’cft-là que le Prélr.t muni d’un déjeuné , Dormait d’un léger fomrae , atcndant le diné. Defprèaux. )

Dormir , v. n. ^ Aqu£ refides. ] Ce mot fe dit de l’eau qui n’a point de cours , & qui repofe comme celle des étangs & des marais. Et de là on dit , par manière de proverbe , Un y a point de pire eau que celle qui dort. [ Morojîs hominibus non etl fidendum. ] Pour dire , quil fe faut ordinairement défier des gens mornes & taciturnes , qui fouvcnt fongent à faire du mal en trahifon. * Dormir. [ Differre vindiclam , indormifcere. ] Il fe dit encore au figuré , de quelques autres chofcs qui s’arrêtent , fe repofent , & cefl"ent d’agir. (Il faut laiflcr dorniir cette afaire. Elle laiffe dormir la cabale. Patru , Plaid. 16. Laifter dormir fes refTentimens. Mémoires de M. de la Rocnefoucaut. L’Ecriture Sainte dit de ceux qui font morts , qu’ils dorment , parce que la Réîurreftion fera comme un réveil. ) Dormir en lièvre ; c’eft dormir les yeux ouverts. Dormir comme une fauche ; c’eft dormir d’un fommeil profond.

^ç3" Dormir tout de bout, Expreffion familière , par laquelle on explique l’extrême envie que l’on a de dormir. Elle fignifie la même chofe que , N

pouvoir plus de fommeil. Etre acablé par le fommeil. Ce qui exprime parfaitement la douce tirannie du fommeil , à laquelle il eft quelquefois impoftible de rèfifter. Suétone nous en fournit un exemple dans la vie d’Augufte , où il dit qive cet Empereur étant fur le point de donner une bataille , du fuccès de laquelle dépendoit toute fa fortune , fut contraint de céder à l’envie de dormir , & s’endormit en éfet fi profondément, qu’on eut bien de la peine à l’éveiller pour donner le mot.

irfj- Dormir ptfamment. Coftar s’eft fervi de ce terme, ^owx dormir profondément ; mais je ne l’ai point trouvé dans auam autre Auteur. D O R M I T I F , y ; OT. [ Somnifer , foporifer. ] Remède qui aflbupit , qui fait dormir. DoRONiC. _Doronicum.’ Plantes dont les feiiilles reffcmblent à celles du concombre. Elle croît en SuifTe fur les montagnes , proche Genève & en Savoie. Sa racine eft propre contre le venin , pour fortifier le cœur , contre les palpitations & les vertiges. On dit que c’eft un poifon pour les chiens.

Doronic Romain. Petite racine jaunâtre en dehors & blanche en dedans. Elle produit des feiiilles femblablcs au plantain. On croit qu’elle eft un contrepoifon pour les hommes , & uq poifon mortel pour les bêtes à quatrvC piez. Savary.

Dortoir,/ ; w. [ Dormitorium. ] Lieu du Couvent où font les cellules, & où couchent les P<.cligieux & les Religieufes. ( On garde le filencc