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FA. FAB.
F.

F f.f. C’est la fixiéme lettre de l’Alphabet François, qui se prononce comme si elle étoit écrite iffe, & on apostrophe la voïelle qui la précède. (Une F capitale, une petite l, une grande F, une l bien faite, faire la tête d’unel, faire la queue d’une f.

Encore pour F, patience,

C’est par elle que se commence

France, climat heureux & doux.

Voit, poëf.

Depuis dix ans dessus VF on travaille ; Et le destin m’auroit fort obligé, S’il m’ayoit dit, tu vivras jusqu’au G. Boisroben, ép. 6.)

Cette lettre se trouvant à la fin de quelques mots, ne s’y fait souvent pas sentir lorsqu’on les prononce, comme Baillïf ^ Apnntif, Clef, qui se prononcent bailli, aprenti, clé. On excepte de cette régie ces mots, Juif, neuf, esquif, nominatif, acusatif, génitif, datif, indicatif, impératif, canif, chef, fief, nef, & autres dont lyfinale se prononce. On excepte aussi lucratif, naïf, vif, oisif, & autres adjectifs qui se finissent enl, & dont l’stinale se prononce au masculin, & se perd au féminin.

Llne se prononce point non plus dans le mot ^efleuf, ni au singul$3er, ni au pluriel. Au mot de cerf, il ne se prononce jamais dans ces phrases : Courre le cerf, être à la mort du cerf, un cerf de dix cors, un cerf aux abois. L’usage n’est pas si certain à l’égard des mots de nerf, dœuf&c de bœuf, quand ils font suivis d’une consonne. Quelques- uns supriment Il : d’autres étoient qu’il la faut prononcer : ce qui est confiant, c’est qu’on ne la prononce point dans les pluriels de ces mots, nerfs, bœufs, œufs, neufs, Defm, Gramm.

☞ Au mot numéral de neuf, quoique 1/ se prononce presque toujours dans toute sa force, cependant lorsque ce mot est suivi immédiatement de son substantif, alors, si le substantif commence par une consonne, comme dans ces mots neuf personnes, Vf ne se prononce point ; mais s’il commence par une voïelle ou par une h qui ne s’aspire point, comme neuf hommes, alors rlperd sa prononotation ordinaire, & prend celle d’un u consonne. Dcfm. Gramm. franc. Quelques- uns, en ortographiant les mots Grecs, que les Latins & les François écrivent par ph, mettent unel, au lieu du ph ; & ils écrivent Filis pour Philis ; Fdofosie pour Philosophie ; mais cette manière d’ortographier fait perdre de vue l’étimologie des mots, laquelle n’est pas surement inutile, quoi qu’en disent certains écrivains modernes.

f, substantif féminin. Terme de Lutier. Le mot d’cffe se dit en parlant de poche, de violon & de basse de violon. On apelle de ce nom les ouvertures faites en l, qui font sur la table du violon, de la poche, & de la basse de violon. On les nomme aussi quelquefois oières, quoique le mot d’oisie se dise plus proprement de la viole. En Jurisprudence, deux jf" jointes ensemble signassent Digcjle.

F A.

T X. s. m. Terme de Musique. C’est la quatrième note dans l’oftave d’ut.

gr^> Les régies de la Musique ont été formées en diférens tems, & l’on compte trois fiftêmes, dont le dernier fait corrigé par un Moine Bénédistin, apellé Guy l’Arétin, ou d’Arezzo ; c’est celui que l’on observe à présent. Ce Religieux, qui avoit du génie pour la Musique, aperçut que les noms donnez par les Anciens aux tons de leurs cordes, étoient trop longs : il substitua en leur place ces six filabes, ut, se, mi, fa, fol, la, qui lui vinrent dans l’esprit, en chantant la première strophe de l’himne de Saint Jean-Baptiste :

Ut queant Iaxis rtfonare fibrîs Mi^si geflorum iunuU tuorum,

Solve polluti isoli reaium,

Vofez Broffard, dans son Dictionnaire de Musique.

F A B.

F A B A purgatrix. Espéce de fève de l’Amérique, qui purge avec trop de violence par haut & par bas. Ce purgatif est dangereux, & quelquefois mortel.

Fabago. Plante amére, dont onufepour chasser les vers du corps.

F A B E R, y’lw. Gros poisson de mer, dont la chair est tendre & bonne à manger. On apelle ce poisson faber, parce qu’on trouve en lui les figures des instrumens d’un forgeron. F A B I E N, l. TO. [ Fabianus.’] Nom d’homme. Fable, y.’l [Fabula."] Discours qui imite la vérité, & dont le but est de corriger agréablement les hommes. Les Fables d’Efope & de Phèdre sont fort belles, & la Fontaine les a traduites, ou plutôt imitées en François, d’une manière qui surpasse presque tout ce qu’on a fait depuis en ce genre.

Les fables ne font pas ce qu’elles semblent être, Le plus simple animal nous y tient lieu de maître. Za Font.)

Fable. Ce mot, pour dire l’histoire fabuleuse, ne se dit qu’au singul$3er. (Il faut qu’un Poète fâche la fable. Sans la fable on ne sauroit entendre les Poètes.

Rien n’est beau que le vrai, le vrai seul est aimable ; il doit régner par tout, & même dans la fable. Defpr.)

Fable. [ Fabula. ] Terme de Poësie épique & dramatique. C’est l’ame du Poème. C’est l’action qu’on a choisie pour sujet du poème, embarassée de quelque obstacle, & acompagnée de ses plus belles circonstances, & de ses incidens les plus naturels & les plus vrai-semblables, rangez dans un ordre qui produise un bel éfet. (La fable doit être une, continue, vrai-semblable, entière & d’une raisonnable grandeur.