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MER.
MER.

raport avec la grive. ( On dit un merle mâle & un merle femelle. Li merle mâk eft noir , & il a le bec & les jambes jaunes , mais le bec eft d’un jaune qui tire fur le rouge. Le merle femelle eft de couleur de fuie , & a Teftomac femé de petites taches d’un blanc fale. Olïna ^ page o.^, dit -qu’il y a des merles tout blancs en Norvège. Le merle eft bon à manger. Il chante agréablement , & aprend diverfes chanfons en les lui enfeignant avec un fiflet. Il bat le tambour , & joue de la trompeté. ( Un beau merle. Un joli merle.

On ne rencontre ame qui vive

Hors quelque Merle ou quelque grive. Perr. Chajfe. )

On dit proverbialement d’un homme fin & matois. Cejl un fin merle. On dit auffi pour marquer qu’on ne croit pas qu’une chofe fe pulfle faire. Si vous faites cela , je vous donnerai un merle blanc, Acad. Fr. )

Merle. [ Onifcus. ] Poiffbn femblable à une perche de Rivière , qui a la bouche garnie de dents pointues & crochues , & qui eft d’une couleur entre bleu & noir.

Merlesse, s. f. [Merulæ fæmina.] La femelle du merle. On dit aussi merle femelle, ou la femelle du merle, mais à Paris les oiseliers disent une merlesse.

Merlette, s. f. [Merula mutila.] Ce mot signifie petit merle, & ne se dit qu’en terme de Blason. (Porter d’or à l’orle de huit merlettes de sable. Col.)

Merlin, Ç.m. Funiculus triplex. ] Terme de Marine. Efpéce de cordages à trois fils qui fert à faire les rabans. On dit auffi merlmer une voile quand on l’atache à la ralingue avec du merlin.

MerLONS ,y ! m. Interjtclus inter tormentorum fencjîras peribolus, ] Terme ’ de Fortification. Monceaux de terre qui font entre les embrafures, dans le plein du parapet , ou la partie du parapet , qui eft entre deux embrafures. Merlus, (Merluche) f. m. [ Marius lucius. ] Poifl"on de haute Mer & qui croît jufqu’à une coudée. Il a le dos gris cendré , le •ventre blanc , la queue quarrée, la têre avancée & aplatie , les yeux grands , & l’ouverture de la bouche grande avec des dents aiguës & courbes. ( Le merlus a la chair mole , & fon foie eft très - déiicat. Rond. ) L’Académie Françoife prononce merluche.

Mer LU T. On apelle peaux en merlut , les peaux de bouc , de chèvre & de mouton en poil & en laine , qu’on a fait fécher fur la corde , pour les pouvoir garder fans fe corrompre , en atendant qu’elles puiflent être paflees en chamois , en mégie , ou en marroquin. Mérovingiens, f. m. [ MerovingH. ] On apelle de ce nom les Rois defcendans de Meroiiée , nommé Roi de France. Et ces Princes font la première race des Rois François. Les Mérovingiens ont régné depuis l’an 411. jufqu’en 752.

Childeric III. eft le dernier de la race Mérovingienne. Mé :^erai , Hifoire de France , t. 1. Mer R IN, Mairrin, Marrin, &

auffi Marrien, ou Merrien, Marian, M E R A N , car on trouve ce mot ortographié de ces diférentes manières , /". m. [ Lignumfijfile. ] marrin ne fe dit que par ceux qui parlent mal. Mnis merrin oximaiirin font bons tous deux. Le MER.

merrin eft une forte de bois qui n’eft point propre pour bâtir , & dont on ne fe fert que pour des panneaux & d’autres ouvrages de menuiferie. On xrouws merrien dans une Ordonnance du 3. Février 1471. imprimée dans le Traité de la Police de Mr. de la Marre , Tome III. p 385. & ce mot y eft emploie plus de cent fois. (Merrin dur. ) Ce mot vient du Latin meteriamen, félon le P. Labbe. D’autres le font venir de materia. Merrin. [ Cornua cervini digitata , clavata J fibulata.’] En termes de CAiz^ , ilfignifie iatête, ou la ramure du cerf, la tige & la perche de chaque corne.

Merveille, f f_ Prodigium, miraculum^ mirabile , portentum , mirum. ] Chofe meveilleufe. Chofe qui mérite l’admiration. ( C’eft une merveille que cela.

Enfin parlant toujours d’Aftres & de Merveilles ; De chef-d’œuvres des Cieux , de beautez fans pareilles. Defpréaux , Sat. a. )

  • Promettre merveilles à quelcun. Voit. l. iG. C’eft lui promettre tout ce qu’on peut pour le flater , ou pour lui faire acroire qu’on le fervira fort. * Elle eft la merveille de nos yeux. La Suie. Partout où doit pafler cette jeune merveille, les zéphirs parfument les airs. La Su^e. Belle Philis, adorable merveille,

† A merveille , ou à merveilles , adv. [ Mirum in modum. ] (Elle eft plus belle que leurs figuiers beaux à merveille, même que le port de Marfeille, Voit. Poef.

Ce Diable étoit tout yeux &tout oreilles , Grand éplucbeur , clairvoïant à merveilles. La Font. )

On apelle les fept merveilles du monde : i. Les murailles ôc les Jardins de Babilone faits par Semiramis. 2. Les Piramides d’Egypte. 3. Le Phare d’Alexandrie. 4. Le Tombeau qu’Artemife fit élever pour Maufole fon mari. ^. Le Temp’e de Diane d’Éphefe. 6. Celui de Jupiter Olympien à Pife. 7. Le Colofle de Rhodes. Merveilleux, Merveilleuse,

adj. [ Mirabilis , mirus. ] Plein de merveilles. Admirable. ( Il n’y a rien que de merveilleux en votre perfonne. Patru , Harangue à la Reine de Suéde. )

Merveilleux , f.m. [ Mtrificus. ] Terme ufité dans la Poëfie Épique & Dramatique. Tout ce qui furprend l’ef prit, & lui donne une admiration qui le charme. Ils ont introduit dans leurs Opéra un merveilleux faux & ébloiiiflant. S. Evremont , Opéra. L’Ariofte a outré le merveilleux d©S Poèmes par un fabuleux incroïable. Le même.

☞ Nos Anciens fe fer voient du terme merveilleux pour exprimer les chofes les plus triftes & les plus fâcheufes. Alain Chartier a dit dans le Regret d’un amoureux :

O Dieu , je te crie humblement , Puifque avoir ne puis allégeance De mon très-merveilleux tourment. Oftavien de Saint Gelais dans fon fé/our d^ honneur fe fert du même mot dans le même fens. On le trouve auffi plufieurs fois , avec la même fignification , dans l’Hiftorien Philippe de Comine , & ailleurs.

Le merveilleux , félon le langage des Poètes , eft , comme l’explique le P. Rapin dans {q% Réflexions fur la Poétique , » tout ce qui eft » contre le cours ordinaire de la nature. Le