Page:Richepin - La Chanson des gueux, 1881.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
124
la chanson des gueux

XII

VARIATIONS D’AUTOMNE SUR
L’ORGUE DE BARBARIE


La voix lamentable et meurtrie
Des vieux orgues de Barbarie,
Qui tour à tour chatouille et mord,
Semble la voix triste et falote
D’un fou qui ricane et sanglote
    Sur son lit de mort,

D’un fou qui râle et qui plaisante,
Et qui, sans voir la mort présente,
Pense à ses amours de jadis,
Et de plaintes ou de blasphèmes
Interrompt les adieux suprêmes
    Du de Profundis.

De la lugubre mélopée
Soudain la mesure est coupée.
Est-ce un hoquet ? est-ce un soupir ?