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LES PLANTES, LES CHOSES, LES BÊTES



I

LA FLÛTE


Je n’étais qu’une plante inutile, un roseau.
Aussi je végétais, si frêle, qu’un oiseau
En se posant sur moi pouvait briser ma vie.
Maintenant je suis flûte et l’on me porte envie.
Car un vieux vagabond, voyant que je pleurais,
Un matin en passant m’arracha du marais,
De mon cœur, qu’il vida, fit un tuyau sonore,
Le mit sécher un an, puis, le perçant encore,
Il y fixa la gamme avec huit trous égaux ;
Et depuis, quand sa lèvre aux souffles musicaux
Éveille les chansons au creux de mon silence,
Je tressaille, je vibre, et la note s’élance ;