Aller au contenu

Page:Richepin - La Chanson des gueux, 1881.djvu/95

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
58
la chanson des gueux


————Ou bien est-ce à moi, le gueux libre,
————Soûl d’azur et dont l’aile vibre
——————En plein soleil,
————Moi qui l’été m’amuse et rôde,
————Qui l’hiver sous la terre chaude
——————Dors mon sommeil,

————Et qui cours joyeux par la plaine,
————Mangeant à ma guise, sans peine
——————Et sans remords,
————Suivant la Mort épouvantable
————Qui partout dresse sur ma table
——————La chair des morts ?

————Lorsque je vis à ne rien faire,
————Toi, tu travailles, pauvre hère,
——————Jusqu’au tombeau.
————La sueur te brûle et te sale.
————Ton corps est laid, ton corps est sale.
——————Moi je suis beau.

*

Et je vis, sur ma main, bourdonnant de colère,
Un être merveilleux et pourtant tout petit.
Ce rien du tout luisait comme un spectre solaire.
C’était un scarabée. Il eut peur et partit.