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en guise de préface


III



Et d’abord, sache bien à ma louange, ami,
Que je ne suis pas, comme on dit, marin d’eau douce.
De tanguer et rouler j’ai connu la secousse.
Sur un pont que les flots balayaient j’ai blêmi.

J’ai travaillé, mangé, gagné mon pain parmi
Des gaillards à trois brins qui me traitaient en mousse.
Je me suis avec eux suivé la gargarousse.
Dans leurs hamacs, et dans leurs bocarts, j’ai dormi.

J’ai vu les ouvriers du large et ses bohêmes.
J’ai chanté leurs refrains et vécu leurs poëmes.
Et tu verras ici des vers en maint endroit

Lesquels furent rhythmés au claquement des voiles
Cependant que j’étais de quart sous mon suroît,
Le dos contre la barre et l’œil dans les étoiles.