Page:Richepin - La Mer, 1894.djvu/250

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
236
la mer

XXIII

L’INSAISISSABLE


J’ai vu celui que rien ne figure,
Qui sans se montrer vient comme il part,
Qui court partout et n’est nulle part,
Qui remplit le ciel d’une envergure.

J’ai vu celui qui passe à travers
L’espace en chantant et qui s’envole
Sans que jamais de sa chanson folle
On ait entendu le dernier vers.

J’ai vu celui dont la voix farouche,
Plus haut que la foudre et que les flots
Jetant des cris, poussant des sanglots,
Rugit sans poumons, souffle sans bouche.